L'expédition vers les Monts Bélès
Feuillet 43 - verso - mai 1916
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Le 1er mai 1916
rien de nouveau, le 2
gros
émoi, on part dans 2 jours pour l’avant, et en effet le 4 mai vers 2 heures
du
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soir
on quitte le camp sauf l’adjudant et 9 autres qui restent pour le
ravitaillement de 4 compagnies qui doivent occuper les emplacements des
Régts qui partent. Il fait une chaleur torride et la route que nous
suivons est recouverte d’une poussière ! On passe notre ancien
cantonnement, on traverse les réseaux de fil de fer et on arrive à
Kzorgine, un arrêt à la fontaine puis on continue et on arrive à Ali-
Hodzilane ; là le troupeau de moutons se joint à notre convoi qui
devient des plus pittoresques. Il fait toujours très chaud mais arrivé
au nouveau pays il fait déjà meilleur. Nous sommes à Kara Brunar ; il y
a un long arrêt pour reformer notre colonne, puis on repart ; c’est
toujours la même campagne aux champs incultes sauf quelques terres
alentour des villages, des troupeaux de moutons quelques indigènes
l’air toujours aussi paresseux, des oiseaux de marais, voilà tout ce
qu’on a rencontré d’intéressant. Enfin nous arrivons, il est nuit
depuis un moment et nous nous installons auprès de la gare de Sari-Guel. Il nous faut monter les tentes, décharger les voitures, enfin quand
nous
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avons
pu manger et nous
coucher il était 11 h ½. La terre n’était pas trop fraîche en cette
belle nuit de mai et chacun s’est levé bien dispos. On procède à un peu
de toilette puis on va en gare faire le ravitaillement. Il y a beaucoup
de mouvement le long des quais et la gare a bonne allure, il y a de
beaux arbres plantés aux alentours et le long des bâtiments. Des camps
d’anglais travaillent à l’aménagement des voies, plus loin un groupe de
Hindous chargent leurs voitures attelées de jolis mulets. Ces hommes
sont assez curieux à examiner, ils ont le teint cuivré, le cheveux et
la barbe du plus beau noir, de leur costume c’est bien la coiffure qui
est le plus original et de ce volumineux turban on se demande si c’est
bien militaire. Un peu plus tard une compagnie d’australiens
est
passée et a fait la pause près de nous. Ils m’ont fait meilleure
impression qu’au mois d’octobre dernier ; C’est pendant nos opérations
de ravitaillement en gare que nous apprenons que la nuit dernière un
Zeppelin a été abattu près de Salonique. Par un train qui vient d’ar-
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-river
nous avons confirmation de cette bonne nouvelle qui prive nos voisins
de leur seul dirigeable. Après voir chargé tous les vivres, nous
rentrons au camp où bientôt nous rejoint le courrier qui
vient
d’arriver, chacun en possession de ses missives va dans un coin
savourer les nouvelles ; puis c’est l’heure de la soupe, ensuite la
sieste et vers 3 h on procède au ravitaillement des compagnies qui sont
arrivées vers 10 h. Le soir coucher de bonne heure et le matin à 3 h
debout, on part à 5 h pour Alexsia environ 20 Km ; la journée s’annonce
encore chaude, il y a une route précaire encombrée de cailloux et d’une
couche de poussière ! … Nous passons à Kilkich ou Kukus, gros centre
assez commerçant, la population semble comprendre beaucoup de Grecs. Il
y a une partie de la cité qui est construite de peu d’année puis vers
la sortie tout un grand quartier aux maisons en ruines, tombées
complètement, souvenir sans doute de la dernière guerre et des combats
qui s’y livrèrent lors de la bataille qui porte le nom de la petite
ville Plus on avance, plus on rencontre d’arbres mais aussi le terrain
parait plus montagneux, la
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colonne
s’arrête souvent et il fait de plus en plus chaud. Nous avons vu de
jolis champs de pavots qui étaient en fleurs, ce qui faisait un très
joli effet dans ces pays où la culture est relativement rare. Chacun a
eu sa part de fatigue mais on est arrivé au bout de l’étape vers 10 h
½, nous avons dressé les tentes dans un champ de mûriers près de la
route. Pour la 1ère fois depuis longtemps nous nous trouvons à l’ombre
et comme il paraît qu’on séjournera un peu chacun est content de
l’emplacement. La journée s’est passée en installations puis le
lendemain chacun a repris son travail. Nous sommes près du village
d’Alexsia, il y a beaucoup de troupes dans les environs ce qui nous
vaut la visite d’un avion boche le matin, il lance une bombe qui est
tombée à 800 m de nous sans causer de mal. Dans la journée nous avons
vu passer plusieurs prisonniers Bulgares emmenés par des soldats Grecs,
puis deux Russes échappés à leurs gardiens et qui ont réussi à
traverser les lignes bulgares où on les faisait travailler. Le 8 mai pas de
changement dans la vie, on fait connaissance avec
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les
environs du cantonnement. Il y a une petite rivière qui passe non loin
où l’on a pu prendre un bon bain ; dans les champs il y a beaucoup de
gibier, perdrix, cailles, lièvres ; l’un deux a failli être pris près
de nous mais il s’en est tiré avec une patte cassée. Dans la journée
une grande caravane de gens évacués des villages de l’avant est passée,
le coup d’œil des plus pittoresques, les femmes presque toutes voilées
marchent pieds nus et souvent très chargées, les hommes poussent des
ânes ou conduisent une voiture préhistorique attelée souvent de grands
bœufs noirs ou de petites vaches de Macédoine. Tout cela passe en
allant très vite sur l’arrière trouver un autre gîte, mais dans tout ce
monde qui émigre pas de mobilier, nulle trace de meubles car ils n’en
ont pas ici et chacun va portant des couvertures et ses hardes. Le 9 mai il
est passé des Régts allant sur l’avant et notre tour doit venir pour le
lendemain ; visites de Taubes dans la journée mais c’est tout
ce
qu’ils ont produit. Le 10 mai
de bonne heure tout était plié et nous partons
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un
peu plus loin avant 10 Km environ ; la piste est très mauvaise car les
routes sont par ici, encore en travaux. Enfin nous arrivons en vue du
village de Snevci qui se trouve auprès d’une petite rivière et n’est
pas important ; nous le traversons pour aller un peu plus loin où l’on
s’arrête ; préparatifs d’installation de toute l’équipe puis on nous
prie poliment d’aller plus loin. On mange un peu et nous nous portons à
600 m plus haut le long du ruisseau, à l’ombre de grands arbres ;
l’endroit est épatant ; on fait vite le montage des tentes, nous sommes
tous bien à couvert, les voitures et les chevaux sont également bien
placés et nous rien à craindre des avions. Pendant ce temps le Régt est
parti depuis 3 h le matin en reconnaissance pour 2 jours du côté de
Doiran. Le 11 mai rien
de bien nouveau, le régt rentre le soir en ramenant
un uhlan prisonnier. Il faisait partie d’une patrouille opérant près
des nôtres ; on en aurait pris davantage, parait-il, si on eut attendu
un peu plus tard. Le lendemain une équipe du TR monte le troupeau de
moutons et les vivres beaucoup plus loin pour le régt qui va prendre
position le lendemain. Il y a environ 17 Km et par des sentiers
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impraticables.
Le 12 mai le régt est
monté et nous avons repris nos occupations. Le
paysage est assez bien, nous avons de l’eau près de nous et puis nous
sommes bien seuls. Le 235è occupe des positions sur les crêtes devant
nous il y a quelques villages aux environs. Le
13 mai un avion ennemi a
plané longtemps dans les parages, vivement canonné il a fui. Le 14 mai au
matin nous quittons ce point pour aller un peu plus loin au N-E près du
village de Karamudli nous arrivons à la sortie du pays et
nous
nous installons non loin des maisons, nous sommes un peu plus à
découvert et au pied de la montagne qui commence vraiment à partir
d’ici. La campagne est assez bien cultivée, les indigènes la plupart
Turcs paraissent travailler assez bien mais les maisons restent
mystérieuses, les femmes sont toutes voilées. Après l’installation du
convoi et le montage des tentes la journée est terminée et le lendemain
le travail a repris son cours. Tous les matins a lieu le chargement des
mulets qui vont au régt porter les vivres,
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il
y a en a quelquefois 60 ce qui représente une bonne caravane. Nous
restons ainsi jusqu’au 8 juin, il n’y a pas eu d’évènements importants,
nous avons vu un jour une quantité de gens évacués de l’avant qui sont
passés près de nous dans un état la plupart lamentable. Les femmes
toutes très chargées et nu-pieds au costume oriental si bizarre, les
hommes précédent, presque jamais embarrassés de fardeaux ou bien
montés sur leurs ânes avec cela des bestiaux de toute nature suivent la
colonne qui dévale par des sentiers à peine tracés dans les terres et
les rochers. Il est passé aussi des déserteurs bulgares, journellement
ils se rendent aux nôtres malgré les dangers de leur fuite. Un matin un
avion boche est passé au-dessus de nous lâchant non loin une bombe qui
n’a pas fait de mal. Comme opérations il y a des canonnades plus ou
moins violentes chaque jour à notre gauche. Vers les 1ers jours de
juin, les indigènes ont été très occupés par la plantation du tabac,
c’est un pays où l’on en cultive
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beaucoup,
les femmes font là comme ailleurs plus de travail que les hommes, quant
au maître, il reste couché sous un arbre, fumant des cigarettes en
surveillant le travail. Dans cette région, les villages sont nombreux
et rapprochés, on y trouve certains genres de mouchoirs que les
indigènes mettent sur la tête, très bien ornés de broderies ou plaqués
cuivre. Nous en avons acheté beaucoup. Le
8 juin 1916 nous avons quitté le
pays, le convoi des voitures par une route nouvelle très indirecte et
les hommes disponibles par le sentier muletier ; nous rejoignons
l’autre partie du TR qui est à Todorovo, il y a une dizaine de Km. On
suit pendant la route en préparation qui monte au col de Baisili puis
de là il n’y a qu’à descendre. Partis à 9 h ¼ il fait une chaleur
excessive déjà quand nous arrivons au col. Puis la piste devient plus
mauvaise dans une longue et forte descente ; il y a néanmoins un fort
joli coup d’œil, le pays est montagneux, boisé et cultivé, quelques
villages, l’aspect
Feuillet 48 – verso
d’ensemble
donne assez l’illusion de certaines régions de France ; nous nous
trouvons dans les montagnes qui font partie des Krusia. Plus loin
devant nous une masse imposante de montagnes barre l‘horizon, ce sont
les monts Belech. On se croirait à quelques Km de la chaîne et
cependant il y a près de 20 Km, on dirait une gigantesque muraille
posée là car la chaîne court droite et paraît très abrupte. En avant il
se trouve une large plaine, où coule la Butkova qui se jette à droite
dans la Struma. Nous arrivons au bas de la montagne où coule le
ruisseau qui passe à Zodorovo. Il fait très chaud, aussi faisons nous
halte plus d’une heure tout en mangeant à l’ombre d’un gros orme. Nous
repartons vers midi par un soleil de feu. Jamais nous n’avons vu une
chaleur pareille, nous arrivons à l’entrée du pays où se trouvent les
camarades ; inutile de dire que nous sommes heureux d’avoir terminé
l’étape et pouvoir boire à notre soif.
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Après
quelques instants de repos, nous avons installé notre guitoune,
l’endroit n’est pas très « bath » mais comme il y a peu de terrain
propice, on est forcé de se contenter de ce qui reste. Le 9 juin,
après une bonne nuit on se remet au travail, nous faisons les
terrassiers pour monter la grande tente, il ne faut pas que l’on voit
les toiles aussi avons nous bien à faire comme ombrages artificiels.
Puis le lendemain la vie a repris son cours, les compagnies du Régt
viennent au matin prendre livraison de leurs vivres et c’est une affluence
de mulets et de bourriquots chaque fois. Pendant un mois nous vivrons
ainsi sans grands changements dans ce coin, quelques notes cependant
sont nécessaires sur le climat d’abord. Il a fait une chaleur excessive
chaque jour, le thermomètre est monté jusqu’à 65° aux environs de notre
camp, il s’est maintenu
Feuillet 49 – verso
fréquemment
à 60°, 62° chez nous. Quoique nous soyons masqués par de grands arbres, la chaleur est insupportable, on ne dort plus, on ne sait où se
mettre pour trouver un peu de fraîcheur. Aussi avons nous beaucoup de
malades au Régt, chaque jour de pauvres diables sont évacués, la
plupart pour dysenterie quand ce ne sont pas les fièvres. Quand vient
juillet la proportion augmente encore et on se demande où cela va
s’arrêter. J’ai dit que les régiments occupent la plaine et en avant de
la Butkovva ; le 244è est à Poroj et en avant dans la montagne, il n’y
a pas d’accrochage sérieux jusqu’au environ du 29 et 30 où les Bulgares
canonnent fortement les positions du 244è. Comme le Régt se trouve trop
avancé et par trop exposé, il se replie le 1er juillet dans la nuit,
après un bombardement qui lui coûtera 3 tués et une vingtaine de
blessés. Ailleurs il ne s’est pas produit de grands évènements ; malgré
notre
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manque de
renseignements, il n’y a pas du avoir de grosses affaires. Certains
jours il y a eu de violentes canonnades mais au bout de 2 jours tout
redevenait calme. Vers le 18 juin
la division Coloniale qui était du
côté de Demir-Hissar est passée près de nous se rendant à Salonique et
de là sur un point désigné à la suite des troubles dans les affaires
Gréco-Entente. Ainsi jusqu’au 8 juillet rien de bien saillant, mais ce
matin-là un avion plus hardi a lancé une bombe dans notre secteur qui
n’a fait aucun dégât, le plus mauvais pour lui est qu’au retour,
violemment pris à partie par nos mitrailleuses puis par les canons il
est touché finalement et contraint d’atterrir, on a su par la suite
qu’il a pu arriver jusqu’aux 1ères lignes bulgares. Le soir nous avons
reçu quelques coups de canon qui sont parvenus aux abords du village.
Il y a un 1er avertissement car on ne croyait qu’ils
Feuillet 50 – verso
arrivent
si loin. Aussi a-t-on pris quelques mesures de prudence, la grande
partie des chevaux et mulets est allée à un peu à l’arrière du village,
nous restons quelques hommes seulement à notre emplacement. Jusqu’à fin
juillet rien de bien important, sauf un matin où nous
avons été
gratifiés de quelques obus dont la plupart n’éclataient pas, tout s’est
bien passé. La chaleur a diminué car plusieurs fois il a plu et l’on
constate qu’il y a moins de malades. Avec la pluie je remarque que les
cigales qui faisaient tant de bruit dans les arbres ont disparu. Nous
avons entendu presque chaque jour des canonnades, le plus souvent à
notre gauche, chez nous quelques coups de canon, des reconnaissances
toujours bien rentrées et presque journellement des déserteurs bulgares
qu’on envoie à l’arrière. Les premiers jours d’août on cause beaucoup
d’offensive, on a deux fois fixé des jours où nous devions attaquer et
rien ne s’est produit. Cependant il est à remarquer que le 10 août les
recon-
Feuillet 51- recto - août 1916
reconnaissances
d’avions paraissent plus fréquentes, on parle d’un prochain mouvement
en avant avec insistance ; le soir les canons des nôtres semblent
régler leur tir ; vers la gauche, très loin la canonnade a été assez
sérieuse dans la journée. Le 11
pas de changements ; avions, coups de
canons, mais dans la direction Doiran – Guevgueli il doit s’y passer
quelque chose. Le soir le bruit à couru que nous aurions progressé dans
la région de Doiran. Le 12 août
il est fort question d’une action pour le
lendemain en face de notre secteur ; pas de confirmation officielle, à
midi on ne sait rien encore. Toujours très nourrie la canonnade
entendue depuis deux jours côté Doiran, la nuit il y a eu même grand
vacarme. On n’a pas de nouvelles des autres secteurs de l’armée
d’Orient. Va t’on faire des progrès, ce serait temps qu’on voie ce qui
se passe en Bulgarie. Le seul bruit qui nous est parvenu est que les
Anglais se seraient emparés de la gare de Doiran. Le 13 août pas de
changement.
Feuillet 51 – verso
Canonnade surtout
sur la gauche mais chez nous pas grands mouvements sauf l’activité des
avions. Le 14 août dans
la matinée, les Bulgares ont tiré dans la quartier
occupé par l’Intendance. Plus tard le soir, on a appris qu’il avait 2
tués et quelques blessés. Vers midi 30 alors que la plupart font la
sieste le canon des Bulgares se remet en action. Trois coups de 77 un
peu à gauche du village, 600 m environ de nous, puis ils allongent leur
tir qui va durer plus de 30 minutes ; les coups portent dans notre camp
tout d’abord mais tous les autres sont à 100 m plus loin dans le camp
du TC. Chacun s’est sauvé dans toutes les directions car c’est du 150
qui tombe. Quand tout est fini on fait le bilan, 1 cheval et 4 mulets
tués et plusieurs autres sérieusement touchés. Les tentes ont souffert
aussi mais pas le moindre blessé. Aussi déménagement de tout le monde
qui se trouve là le soir même et le lendemain, les nôtres s’installent
un peu plus en amont de la rivière, derrière une petite crête qui les
cache de la vue du Bélès. Le 17 août
il y a grand branle-bas
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on
fait avancer les Cies et le groupe léger de cavalerie est avec les
nôtres pour appuyer le mouvement offensif qui doit se faire le 18 sur
tout le front. Le 18 août
les nôtres de bonne heure ont avancé, toute la
Brigade est accrochée aux pentes du Bélès. Pas de canonnades le matin
mais le soir le canon arrose le 244è déjà dans la montagne. Tous les
villages du bas de la chaîne sont occupés. Malgré le tir des Bulgares,
les Régts restent sur leurs positions et le soir on ne signale pas de
blessés chez nous. Dans la nuit il y a eu quelques coups de canon d‘échangés. Mais le matin on disait que les nôtres avançaient toujours ;
après avoir occupé certains pitons sans rencontrer de résistance
l’avance en reste là ; les Bulgares enverront quelques coups de canon
mais les Régts y resteront. Certains Cies ont été isolées de la plaine
et se sont vues privées d’eau et de vivres deux jours par suite de leur
position trop exposée. La relève ne se fait que la nuit. Jusqu’au 28 août la
Feuillet 52- verso
situation
ne changera pas beaucoup. Les Cies sont toujours sur leurs positions,
il n’y a que peu de canonnades, mais le climat ne s’améliore pas. Tous
les jours on évacue beaucoup de poilus et les fièvres persistant,
chacun se demande ce qu’il adviendra des Régts. L’effectif du
nôtre est de 1500 le 21 août. Depuis 3 ou 4 jours, on savait les Italiens
près de nous et le 28 août
nous les voyons arriver nous remplacer. Dans la
matinée les troupes devant occuper notre secteur arrivent ? ce sont la
plupart des fantassins du 62è Régt. Ils sont en général petits, mais
râblés, ayant tous bonne allure et l’air très résistants. La chaleur
est grande et malgré cela ils n’en sont pas gênés dans leur marche
quoiqu’ils soient tous très chargés. Il y a beaucoup de pionniers et
pas mal de vrais montagnards aussi le Bélès pourrait bien les voir un
jour vainqueur de la muraille que nous n’avons pu franchir. Le régt
s’est arrêté au pays ; on s’étonne un peu que leur arrivée se soit
faite de jour car les
Feuillet 53 – recto
Bulgares
doivent le voir de chez eux. Il doit y avoir concert en l’honneur des
Italiens ce soir, malheureusement nos voisins nous en empêcherons. En
effet vers 3 h ½ un coup de canon est tiré, l’obus est tombé en arrière
du pays sur le flanc de la montagne où nous sommes à 800 m environ, un
autre 5 minutes après tombe dans le pays, une forte explosion et ainsi
de suite ils vont nous en envoyer comme l’autre jour 24 à intervalle
variés. Plusieurs sont tombés en plein village, l’un au milieu des
mulets italiens qui partent à la charge, heureusement que beaucoup
n’éclatent pas, puis le tir s’allonge et jusqu’à la fin pas de dégâts,
vers 4 h ½ tout est fini, on connaît les pertes, le 2è obus a tué 4
Italiens et en a blessé plusieurs dont l’un mortellement. Nos
artilleurs n’ont pas protesté, on se demande pourquoi. Le 29 août pas de
changements, nous devons partir à l’arrière demain, nulle action le
matin, ce
Feuillet 53 - verso - août 1916
soir doit avoir lieu la relève des positions, demain soir
probablement départ.
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